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Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste

L'événement du moment pour les amis de G.K. Chesterton est constitué par la sortie de Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste, traduction française de Outline of sanity, livre que Chesterton fit paraître en 1926. Inédit en langue française, cet ouvrage complète ainsi la vision que nous pouvions avoir de l'écrivain, qui ne fut pas seulement un romancier, un apologiste, un essayiste chrétien, mais aussi un homme engagé pour une plus grande justice sociale.Édité par les Éditions de l'Homme Nouveau, Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste, est formé de cinq grandes parties, comprenant chacune de deux à quatre chapitres. Il se termine par un ultime chapitre conclusif dans lequel Chesterton, conscient de l'aspect un peu éparpillé de ses essais, donne une synthèse générale de sa pensée.L'ouvrage a une coloration nettement polémique, au meilleur sens du terme. Chesterton défend une vision de la société, argumente en sa faveur, mais, par le fait même, la distingue de conceptions opposées. Bien sûr, le contexte dans lequel furent publiés les articles réunis dans ce livre est aujourd'hui largement dépassé. Bien sûr, le vocabulaire a évolué et le monde est devenu largement plus complexe. Chesterton écrit à une époque où le monde est sorti de la Première Guerre mondiale depuis moins de dix ans. Le fascisme est au pouvoir en Italie depuis quatre ans seulement. En revanche, le monde libre regarde en direction de la Russie, devenue l'URSS, et affiche une grande crainte devant la menace communiste. En France, l'expérience du Front populaire n'a pas encore eu lieu; l'Espagne ne connaît pas encore la guerre civile. En Allemagne, le nazisme devra attendre 1933 pour parvenir au pouvoir. Deux grands modèles socio-économiques s'affrontent donc alors : le capitalisme et le socialisme étatique. L'un est incarné par les États-Unis et l'autre par l'URSS.C'est face à ces deux conceptions que Chesterton propose une autre vision, inspirée directement de l'encyclique Rerum novarum du pape Léon XIII. C'est si l'on veut une vision chrétienne de la société, une conception conforme à la doctrine sociale de l'Église, mais qui, en même temps, ne nécessite pas forcément d'avoir la foi. Chesterton et ses amis, notamment Hilaire Belloc, lui ont donné le nom de « distributisme ». Ce terme n'est pas en soi très clair et il demande quelques explications.Distributisme implique l'idée de « distribution ». Mais de « distribution » de quoi? C'est ici que le contexte anglais est largement différent du contexte français. En France, les catholiques sociaux, également inspirés par Rerum novarum de Léon XIII, ont été amenés à porter leurs efforts dans une direction différente de celle qui fut prise par les catholiques sociaux anglais comme Chesterton. En France, l'effort sera mis sur la réconciliation des classes à travers la proposition d'un ordre corporatif, capable également d'améliorer la condition ouvrière. De ce fait, une partie des catholiques sociaux français estimera nécessaire de parvenir à changer les structures de l'État pour permettre l'émergence de cet ordre corporatif. En revanche, comme la société française est encore largement paysanne et que la propriété privée, même de petite dimension, y est présente, l'accent est moins mis sur cette question.L'Angleterre se trouve dans une autre situation. La question du régime ne se pose pas. Mais les chrétiens sociaux sont confrontés à une organisation sociale qui réserve encore la majorité des terres à une petite classe : l'aristocratie. Il n'y a quasiment pas d'équivalent de la paysannerie française en Angleterre. Les prolétaires–c'est-à-dire ceux qui ne sont pas propriétaires (et d'abord d'eux-mêmes)–ne sont pas seulement les ouvriers de l'industrie, mais également les paysans qui peuvent du jour au lendemain se retrouver sans emploi. En gros, c'est cette situation que dénonce Chesterton, tout en tentant d'y apporter une réponse satisfaisante au plan humain et politique. Il lui donne le nom de distributisme puisqu'il s'agit de rendre les familles et les hommes vraiment libres en leur donnant à tous la propriété privée des moyens de production. À partir de là, il développe toute une conception de la vie sociale qui s'oppose au mythe du progrès, base commune de la conception « capitaliste » et de la conception « socialiste ».En quoi, un tel livre peut-il concerner des Français du XXIe siècle? Au-delà des mots et du contexte d'une époque, Chesterton montre bien que notre monde n'est pas le fruit du hasard. Il répond à un développement logique, dont il dénonçait les prémisses en 1926 et dont il voyait bien ce qu'il donnerait. Dans un monde globalisé, en partie grâce à la technologie, en partie grâce aux moyens de communication et en partie, en raison de la victoire de l'idéologie libérale, la situation dénoncée par Chesterton est devenue la nôtre. Alors que l'effort et le travail sont des valeurs mises en avant constamment, il semble que seuls certains en bénéficient. Alors que le monde de l'entreprise est exalté, seuls les grands groupes internationaux bénéficient de l'intérêt de l'État, au détriment des petits commerces, qui formaient encore naguère le tissu économique de notre pays. Alors que la famille traditionnelle n'est en soi ni une valeur de droite ni une valeur de gauche, celle-ci ne cesse d'être attaquée au point non seulement de n'être plus considérée comme la cellule de base de la société, mais d'être mis en concurrence avec d'autres formes de « famille ». Alors que la France est une terre paysanne, comprenant un large éventail de productions agricoles, notre agriculture n'a cessé de diminuer, transformant autant le visage économique de la France que le visage de la société.La question qui se pose est donc de savoir si cette nouvelle situation a rendu l'homme plus heureux, la société plus stable, la paix plus assurée?En lisant les propositions de Chesterton–qui reste toujours habité de la flamme de l'espérance et d'une philosophie de la gratitude même en matière politique–il ne s'agit pas forcément de tomber d'accord avec chacune d'entre elles, mais de prendre le temps de réfléchir un instant en compagnie d'un auteur qui reste un grand écrivain. L'enjeu, c'est tout simplement notre propre liberté, notre capacité à redevenir réellement les maîtres de notre destin, à redevenir propriétaire de nous-mêmes.Pour se procurer le livre, il suffit de le commander en ligne sur www.hommenouveau.fr (envoi immédiat) ou en écrivant aux Éditions de l'Homme Nouveau, 10 rue Rosenwald 75015 Paris ou en téléphonant au 01 53 68 99 77. Le prix du livre est de 22 €. Ce tirage est limité et il est offert en priorité à ceux qui commanderont le livre au mois de mars, avant que le reste éventuel soit mis en vente en librairie en avril.

Small is toujours beautiful

Joseph PearceSmall is toujours beautifulUne économie à l'échelle de la familleÉditions de L'Homme nouveau,372 p., 29 €En 1973, l'économiste Ernst Friedrich Schumacher publiait Small is beautiful, un essai qui allait devenir non seulement un livre à succès, traduit dans une centaine de langues, mais un véritable slogan. Associant sagesse ancienne et économie moderne, vérités spirituelles et faits concrets, Schumacher offrait une vision rénovée de l'économie. Remettant en cause l'idolâtrie du gigantisme et du globalisme, il préconisait de nouveaux modes de production à la mesure de l'homme.Avec Small is toujours beautiful, Joseph Pearce propose une approche renouvelée des idées de Schumacher, qu'il confronte aux problèmes actuels, notamment ceux posés par la mondialisation et le saccage de l'environnement. S'appuyant sur des exemples concrets, Pearce réactualise brillamment la pensée de Schumacher et démontre la pertinence pour le XXIe siècle d'"une économie à l'échelle de la famille".Né en Grande-Bretagne, Joseph Pearce, 49 ans, enseigne aujourd'hui aux Etats-Unis, à l'Ave Maria University (Floride). S'intéressant aux questions économiques et sociales, il est également l'auteur de biographies très remarquées dans le monde anglo-saxon (Chesterton, Soljenistyne, Tolkien, Lewis…).Pour commander ces livres, cliquez ici.

Philippe Maxence

Philippe Maxence is editor-in-chief of the Catholic journal L’Homme Nouveau and the author of numerous books, including Pour le réenchantement du monde: une introduction à Chesterton (2004) and Maximilien Kolbe: Prêtre, journaliste et martyr, 1894-1941 (2011).

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